26 sept. 2012

Portugal. The Man

Voilà. J'y suis. Portugal. The Man est le premier groupe sur lequel je rougis d'écrire.Parce que j'ai tellement peur de me casser la gueule tous les paragraphes. Parce que poster sur une telle bande, c'est une perpétuelle méditation, une réflexion à chaque phrase, chaque mot, savoir si ces ligne peuvent-elles exprimer le sentiment que dégage leur musique surnaturelle. Et l'on se ramasse superbement à chaque coup.
Parce que c'est juste impossible. Et j'ai envie de crier à l'injustice, c'est abusif, illégitime, immérité, inéquitable, injustifié, j'hurle, le dico de synonymes dans la main! Comment faire d'un courant d'air, d'un rêve, d'une véritable hallucination, aussi passagère que magnifique, une chose aussi matérielle et concrète qu'un texte? Tout est tellement terre à terre à côté d'eux, ça en fait presque peur. Dormez bien sur le plancher des vaches, brave gens, Portugal.The Man vous survolent du haut de la stratosphère. Non mais regardez-les se ficher de nous. Je ne pense même pas qu'ils nous entendent.
 
Time travel, là ou tout a commencé (en partie grâce au magnifique ciel de là-bas?), en Alaska. Un mot magnifique, qui claque en bouche, tout comme tape la musique de Portugal. The Man à leur débuts. Dans leur petit premier, Church Mouth, la batterie éclate et la voix plane déjà, à croire qu'elle est née comme ça, que c'est son destin.
On n'a pas de peine à percevoir à travers ces gars-là les Portgugal. The Man de maintenant. Même à travers la batterie dans tous ses états, et, surtout, surtout les riffs toutes griffes dehors. Sans être complètement batailleurs, ils ont quelque chose de beaucoup plus agressifs que les délires sans véritable contours qu'ont peut écouter dans In the Mountain In the Cloud. Church Mouth est une version rock and roll, même stonerisée par endroit (l'infernal Bellies are Full) de leur son actuel. Poussant même le vice aux riffs Black Keysiens dans Childrens et The Bottom (à l'ambitieuse basse), dont les reflets desséchés comme le désert nous entraînent inexorablement loin de l'Alaska, leur source, pour s'enfoncer dans la poussière de l'ouest. Les petits gars ont cette espèce d'aspiration à aller inconsciemment contre nature (euh...vous avez saisi?), et comme à chaque fois, dieu sait pourquoi ils ont le mojo qui les suivent à chaque instant.


Petite mention spéciale à Sleeping Sleepers Sleep, hommage, grandiose hymne à la liberté de penser. Surtout dans certains pays ou elle est interdite.
 
Rasez nos têtes
Prenez nos vêtements Brûlez les livres mais L'esprit grandit toujours Nous, les gens, sommes des choses dangereuses Un esprit protégé avec Peur des chaînes Peur du temps Et liens manquants Nous l'avons tous été une fois Nous l'avons tous été une fois Et je vais marcher jusqu'à ce que mes jambes se cassent
 
Elle se termine sur des pulsations hypnotiques, des battements de coeurs, sans doute, la première idée venant à l'esprit.
The Satanic Satanist engage, avec une "typique" pop song, du genre impitoyable, de celles qui nous accrochent sans pitié, avec lesquelles on tombe amoureux dès la première écoute. Elle n'a pas l'air vraiment unique, et elle a l'air pourtant si rare. Peut être parce que sur le coup, chacune de ces chansons nous paraissent exceptionnelles...Quand je vous parlait de magie.
L'écoute de The Satanic Satanist se transforme rapidement en un voyage, dans tous les sens du terme. Un voyage dans le temps, un voyage des sens, un voyage de l'esprit, quel grand mot, en fait, si j'ose m'avancer. Des trésors catchy à chaque coin de rue, le sautillant Work All Days, assorti à merveille avec The Home, et qu'on me damne si ce duo ne vous fait pas remuer du pied! L'étrange rythme de la curieuse The Woods, une invitation à une promenade dans une forêt aussi tordue, fluo, vivante, qu'imaginaire. Suivie de Guns and Dogs , histoire de continuer l'excursion fantasque dans quelques extravagantes banlieues taguées d'hallucinations. On y croise l'énervée, la déterminée Do You, en concert sur le toit d'un immeuble, Everyone is Golden, deux amoureux sur un banc,  juste, juste à côté du solitaire philosophe, trop occupé à réfléchir sur la vie pour la remarquer, Let You Down. Le matin, on se réveille. Mornings. Et la réalité est trop peu étrange.
On y trouve aussi de brillantes ballades, dédiées aux matinées brumeuses passées à flemmarder sur Youtube, la mélodie à la fois traînante et speed de Lovers in Love, et surtout, la flamboyance immanquable de The Sun, qui, à l'image de son titre, possède le merveilleux pouvoir d'éclairer tout ce qui passe sous son rayon. Et peu importe, car, sur le moment, notre seule pensée est de l'écouter durant toute notre vie. Elle me paraît tellement naturelle, tellement coller à le vie elle-même, comme une bande son. Et si elle pouvait parler, elle nous le dirait sûrement "Qu'est-ce que tu attends? Qu'est-ce que tu attends pour vivre?"


 
Et là, plongeon dans une piscine à vagues remplie de monstres marins violets, bleus et camés. Quand le rêve nous rattrape, quand on nage dedans.

Et on se rend compte que, chez Portugal. The Man, tout est histoire de textures. De textures et d'émotions. Et c'est pour ça qu'il est tellement dur d'écrire ça. J'aurais bien voulu vous faire part de ce que je sens, ce que je ressens quand j'écoute le son insaisissable de So American, me je n'arrive pas à l'attraper, tout simplement. Je l'ai dit, je me vautre à chaque fois. Ces trucs sont complètement hors de portée, pour peu qu'on essaye de les toucher de n'importe quelle façon concrète. Mais essayez, vous verrez comme c'est difficile! Impossible.
Et pourtant. Pourtant il semble y avoir tellement de choses à dire sur ce son. Il a l'air tellement unique. Je voudrais tellement écrire des milliers de lignes dessus. Je voudrais tellement habiter dans leurs chansons.J'ai tellement envie de toutes les mettre. J'ai tellement envie de vous planter là et de rester seule à pleurer joyeusement.
Prenez le soleil, et mettez le dans un sac. Le bonheur ne se fait pas comme ça.
Got It All est culte à la jeunesse, et je n'ai pas peur de l'annoncer comme ça.
 
This can't be living now, if so then show me how
We'll shake, shake, shake the night away We shook, shook, shook, the night away. Want a love like this night is young But will I die as I become one... At the bottom of it all. We got it all 'Til the revolution comes We got it all 'Til the revolution comes
 
C'est l'essentiel, c'est le bonheur, c'est le grand n'importe quoi, c'est la vie comme on aimerait qu'elle soit, le temps d'un soir. Et c'est tellement magnifique que l'on s'y croit. C'est une chanson d'idéalistes fous, comme moi, et c'est aussi pour ça que je l'aime.
 
Après ça, on a droit à une nouvelle ode, intégrant une fois de plus une de leur obsessions favorites: le soleil. You Carried Us (Share Me With The Sun) est un son aérien, dilué au début puis se construisant au fur et à mesure. Le résultat est d'une jolie teinte couleur nuage.
Everything You See est absolument dans la lignée, qui n'a jamais eu envie d'entendre la bande originale du ciel? Assortie avec Floating (Time Isn't Working My Side).
 
Ils en profitent pour faire un crochet électro, virage on ne peut plus contrôlé, accompagné par rien de moins que le vidéo idéale. Et on se dit que tous les clips devraient être comme ça: une histoire qui nous absorbe totalement, collant absolument avec la chanson. Et quand il est parfaitement réussi comme ici, on ne peut qu'applaudir.

Du côté de Once Was One, on sait qu'on commence à atterrir. C'est loin d'être un crash, on descend juste en douceur, et même ça c'est grandiose. Share Me With The Sun (Eh oui. Décidément.) prolonge le moment.
Et la, l'instant. Alors qu'on s'attendait à toucher le sol, on se retrouve nulle part. Ou plutôt on ne retrouve pas. Je vous assure qu'en fermant les yeux, on est absolument ou l'on veut. Là ou le veut notre inconscient. On n'est plus vraiment vivant. Juste dans sa tête. Rien n'existe plus.

Alors après ça, si vous n'entrez pas en transe, si vous ne croyez toujours pas à la magie, si vous n'avez pas envie d'aller en Alaska ou de dormir pour toujours, je ne sais vraiment plus quoi faire pour vous. Vraiment.
 







1 commentaire:

  1. Encore une fois, si je devais ne garder que les meilleurs passages de ton texte, je serais obligée de tout coller. Et puis à quoi bon essayer de reparler d'eux ? Tu l'as déjà si bien fait !

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